
Cà y est: vous avez pris votre décision, vous connaissez toutes les étapes intermédiaires pour y arriver, vous avez un plan complet dans votre tête et dans votre tableau de visualisation, c’est parti, vous allez le faire, vous allez le faire tout de suite…et vite après (quelque part entre 10 minutes et quelques heures), on vous retrouve à manger des cochonneries sur votre canapé, complètement démotivé, à moitié déprimé- tout du moins c’est ce que l’on peut observer de l’extérieur.
Regardons de plus près ce qui se passe à l’intérieur de la machinerie compliquée que vous êtes. Vous avez passé des heures à construire ce plan, à visualiser votre futur, ce nouveau “vous“, imaginé combien cela vous ferait vous sentir bien, combien cette nouvelle vie serait extraordinaire, vous pouviez presque la toucher du bout des doigts. Vous ne saviez pas encore comment cela allait arriver exactement mais vous pouviez le sentir, dans vos tripes, dans (presque) tout votre corps, juste… vous savez que c’est la bonne décision, la bonne chose à faire pour vous!
C’est en général le moment que votre cerveau choisit pour se mettre en face de vous en levant les yeux au ciel: “Alors comme çà tu veux “changer“ (il demande en faisant des guillemets imaginaires avec ses doigts)…super…Est-ce que çà ne va pas pour nous en ce moment? Est-ce que ce que l’on a n’est pas assez bien pour toi? Est-ce que le travail que l’on a fait ensemble ne t’apporte pas la sécurité et la stabilité dont tu avais besoin jusqu’à présent? Est-ce que tu veux finir malheureux, sans abri et seul? C’est çà que tu veux, hein?“. Auquel vous répondez: “Tu as raison mon cerveau, j’ai été un peu imprudent ces derniers jours, je suis désolé“. Retour à la scène du canapé/télé/snacks.
C’est bizarre, non? Car toutes les parties prenantes de cette conversation appartiennent à la même personne, donc devraient avoir le même objectif en tant que même entité. Et pourtant, nous avons tous eu la même expérience à un moment ou à un autre de notre vie. Pourquoi? Parce que le cerveau déteste le changement, à un point qu’il ferait tout ce qu’il peut pour créer des parasites autours de vous et chercher à vous distraire de votre but initial. Et quand je dis “tout“, je parle de sautes d’humeur, de manque d’énergie, de se concentrer tout à coup sur des choses sans intérêt (vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi on mettait une pizza ronde dans une boîte carrée et qu’on la coupait en triangles?) et, si vous avez la chance d’avoir tendance à somatiser, des symptômes physiques comme mal de dos, vomissements, des douleurs qui apparaissent et disparaissent sans raison, des diarrhées, bref, que des trucs marrants. Oui, votre cerveau est un pervers sadique.
Si vous êtes intéressés par la neurologie, vous savez probablement qu’entre 40 et 95% de ce que nous faisons tous les jours sont des habitudes, ce que veut dire que notre cerveau ne fait pas trop d’efforts pour accomplir entre 40 et 95% de ses tâches: arrêter notre réveil, se lever, se brosser les dents, prendre notre petit déjeuner, monter dans notre voiture, çà c’est fait, c’est fait, c’est fait, je coche, je valide, votre cerveau se régale, journée tranquillou en vue. Et tout d’un coup vous (oui, VOUS monstre d’ingratitude que vous êtes) parlez de changer cette mécanique bien huilée pour quelque chose de nouveau. Pire: quelque chose d’inconnu! Imaginez les millions de nouvelles informations à gérer et les doutes qui vont avec: il va falloir essayer des choses nouvelles, faire des expériences, vraisemblablement échouer et en tirer des leçons, tout recommencer à nouveau. Votre cerveau fait une crise de panique rien que d’y penser (se référer à la partie sur la somatisation ci-dessus).
Alors comment fait-on pour se sortir de cette situation? Il existe quelques astuces pour vous permettre de passer au-delà des chiens de garde de votre cerveau. Comme je le suggérais dans un article précédent, commencez par de petites étapes: votre cerveau va penser à tort qu’elles sont sans conséquence et pour quand il se rendra compte qu’il s’est fait avoir, bam! Trop tard. Deuxièmement, n’essayez pas de nier ou de réprimer les pensées démotivantes qui vous traversent l’esprit, parce que je peux vous garantir que votre cerveau n’est pas prêt de se taire. Plus vous allez l’ignorer, plus il va insister pour se faire entendre- un peu comme un gosse ennuyant et bruyant à qui on a demandé d’être un peu plus discret… Prenez conscience de cette pensée lorsqu’elle vous traverse, acceptez là et répondez-y mentalement: “Oui mon cerveau, je comprends que tu t’inquiètes et je sais que tu essayes de me protéger, mais je vais le faire quand même parce que je pense que cela va me rendre heureux“. Faites-le, je plaisante pas.
Enfin, l’astuce ultime est de piéger le cerveau à son propre jeu: si l’on considère qu’un cerveau qui a du mal à changer est un inconvénient, on peut aussi considérer comme un avantage le fait qu’il prenne des habitudes facilement. Vous devez passer au-delà des premières expériences dans l’optique du but que vous cherchez à atteindre, gardez à l’esprit à quoi ressemblera ce futur lorsque vous maitriserez ce nouveau “vous“, acceptez que ce qui ne ressemble pas à grand-chose pour l’instant deviendra plus facile avec le temps et l’expérience. Plus vous pratiquerez, plus votre cerveau l’intégrera et, avant que vous en ayez conscience, tout vous demandera moins d’énergie et de concentration car il deviendra (devinez quoi) une nouvelle habitude.
Great post 🙂
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Thanks 🙂
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